Eurosceptiques et europartisans: l’histoire de l’intégration européenne a toujours été caractérisée par des hommes qui ont fortement voulu l’Europe unifiée et des autres qui ont toujours défendu la souveraineté nationale. Et encore aujourd’hui, plus de cinquante ans après le Traité de Rome, ce conflit perdure et il ne s’agit pas seulement d’un conflit idéologique. C’est pourquoi, si l’Europe veut avoir un futur, il faut qu’elle fasse des étapes importantes sur le chemin de sa consolidation et, surtout, de sa légitimation.
Parmi les europartisans, Jürgen Habermas est sans doute l’un des plus fervents partisans de l’intégration politique européenne: «Union toujours plus étroite» disait-il déjà en 2001, alors que l’Euro n’était pas encore arrivé dans les portefeuilles des citoyens des douze Pays de l’Union économique et monétaire. Cette affirmation, beaucoup plus forte et plus extrême que le slogan forgé dans les mêmes années par la Communauté Européenne: «Unies dans la diversité», exprime les désirs et les espoirs de celui qui a toujours cru dans la justesse du “projet Europe” contre la pusillanimité et le scepticisme de ceux qui ne veulent pas renoncer à la souveraineté nationale mais, surtout, ceux qui croient qu’en ce moment, la crise économique et de la dette publique dépendent, en en grande partie, des limitations budgétaires et fiscales provenant de l’Union européenne. En réalité entre les deux positions opposées, on croit qu’il serait nécessaire d’appliquer une pondération et un équilibrage entre les extrêmes: l’aurea mediocritas est nécessaire.
En effet, d’un côté, l’Europe a joué un rôle fondamental dans la reprise économique des États qui sortaient de la Second Guerre mondiale, mais il est également vrai qu’après Maastricht, il y a eu une éclatante trahison du projet original d’intégration politique et économique, C’est-à-dire que, surtout après le Pacte budgétaire européen (Fiscal Compact), les règles de la rigueur sur la dette publique ont eues le dessus sur la promotion du développement économique prévu dans le Traité sur l’Union européenne, en diminuant le pouvoir des États membres à utiliser des politiques expansionnistes pendant la crise. L’impératif dicté par l’Europe maintenant est celui d’appliquer une rigueur en direction exclusive de l’assainissement des comptes publics.
Habermas soutien qu’il faut “Plus d’Europe” pour répondre à la crise de la dette publique européenne qui s’est déchaînée à la suite de la crise bancaire éclatée en 2008 à la banque d’investissement multinationale Lehman Brothers avec l’affaire des subprimes. Et le philosophe allemand, comme Guarino, soutient que “cette longue crise a le mérite d’avoir enfin mis en évidence une erreur de construction de l’Union monétaire européenne, que beaucoup ont jusque – là ignorée – l’Union n’a pas été dotée de la capacité d’action politique” .
Mais l’Europe, et surtout les États membres, ne semblent pas encore prêts à une étape si importante et, pour le moment ceux-ci continuent à utiliser les instruments de l’intégration et de l’harmonisation dans tous les domaines, même si ces instruments ne pourront pas substituer le manque d’une Union politique pour encore beaucoup de temps. […]
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